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Film streaming Listen Up Philip regarder en ligne 1080p

  • Listen Up Philip
  • États-Unis
  • -
  • 2014
  • RĂ©alisation. Alex Ross Perry
  • ScĂ©nario. Alex Ross Perry
  • Image. Sean Price Williams
  • DĂ©cors. Scott Kuzio
  • Costumes. Amanda Ford
  • Montage. Robert Greene
  • Musique. Keegan De Witt
  • Producteur(s). Katie Stern, Joshua Blum, James M. Johnson
  • InterprĂ©tation. Jason Schwartzman (Philip Lewis Friedman), Elizabeth Moss (Ashley Kane), Jonathan Pryce (Ike Zimmerman), Krysten Ritter (Melanie Zimmerman), JosĂ©phine de La Baume (Yvette Dussart), Eric Bogosian (le narrateur)
  • Date de sortie. 21 janvier 2015
  • DurĂ©e. 1h48

Éloge de l’antipathie, par Raphaëlle Pireyre

Listen Up Philip

Au premier regard

« Les premières impressions sur quelqu’un sont toujours les bonnes. » Ces propos que Ike, vieil écrivain en pleine reconnaissance, tient au sujet de sa femme à son jeune disciple Philip pourraient tout à fait s’appliquer à ce dernier que l’on découvre jouant hargneusement des coudes dans la foule des rues de New York. En amour, en amitié tout autant que dans sa carrière littéraire, cet écrivain trentenaire (Jason Schwartzman) est obsédé par l’idée de se tailler la meilleure place. S’il traverse si promptement la ville, c’est pour y faire successivement trois rencontres. Il profite du signe extérieur de réussite que constitue la sortie de son deuxième roman pour régler ses comptes avec une ancienne petite amie. Il expliquera plus tard à son éditeur qu’il n’a plus l’intention de remplir les engagements pris pour la promotion de son livre. Entre les deux, il aura rejoint un camarade d’université auquel il reproche de n’avoir pas respecté les rêves de gloire de leur jeunesse. De l’un à l’autre, la vilaine colère égocentrique du personnage passe de la muflerie à la plus inutile bassesse, comme en témoigne le mouvement de la caméra qui s’éloigne de l’ancien copain de fac qu’il vient d’accabler de son mépris pour en dévoiler son fauteuil roulant.

Le point d’orgue de cette séquence d’ouverture enfonce le clou de notre première impression sur cet antihéros égotiste et atrabilaire. Pourtant, si Philip est un salaud, il ne faut pas aller chercher son modèle du côté d’un Raskolnikoff dont Dostoïevski cherchait à dépeindre toute la détresse de la culpabilité humaine. C’est n’est point le Mal que veut dépeindre le cinéaste, mais plutôt les petites vilenies d’un intellectuel vaniteux cherchant à satisfaire ses modèles, tout en ménageant en amour la chèvre et le chou.

Dans la lignée des personnages d’intellectuels égoïstes et veules incarnés par Woody Allen dans années 1990, Philip est coutumier d’un humour à la désillusion pince sans rire. « J’espère que ça ira bien pour nous, mais surtout pour moi », exprime-t-il lors d’une rupture amoureuse. Ou encore « J’ai préféré accepter avant de t’en parler » dit-il à sa petite amie au sujet de sa décision de passer l’été loin d’elle et de New York.

Quitter la ville

Car le trajet du personnage est bien de s’efforcer de quitter la ville, qui le renvoie sans cesse à mieux que lui, et en particulier à cet écrivain plus talentueux qu’il jalouse pour chercher refuge et justifications à la campagne, dans le giron de Ike, son mentor. En cela, Alex Ross Perry s’éloigne du modèle assumé de Maris et femmes (qu’il cite volontiers en interview) pour opposer au mythe romantique d’une ville bouillonnante et magnifique filmée dans Manhattan (1979) le portrait d’une cité où se nichent l’ambition et le repli sur soi.

Par l’emploi du zoom qui renforce le grain de l’image et les petits mouvements secs de caméra, le film cherche une esthétique brouillonne et instable, aussi nerveuse et inconfortable que ne l’est le tempérament de son personnage.
Avec son titre en forme d’interjection, Listen Up Philip n’a de cesse de confronter ce sale type Ă  une petite communautĂ© de personnages qui vont le mettre face Ă  l’admiration, la sĂ©duction, la confrontation, la rivalitĂ©. Pourtant, cette structure de portrait mosaĂŻque fondĂ©e sur la variation autour des sentiments nĂ©gatifs ne parvient pas Ă  prendre forme. L’idĂ©e, assez stimulante, de construire une palette des Ă©motions dĂ©sagrĂ©ables n’est finalement jamais portĂ©e par un style toujours Ă©gal. Le changement de lieu, de la ville Ă  la campagne, et de la campagne Ă  l’universitĂ© oĂą il part enseigner ne change jamais le caractère finalement assez univoque de Philip. Et l’évocation de sentiments qui naissent ou s’éteignent, les accès de colère, la rancĹ“ur, le mĂ©pris ne font que se diluer dans la platitude de son unitĂ© de ton.

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